APPORTS DU JUDO CHEZ LES HANDICAPES VISUELS
La pratique du sport en loisir ou en compétition est très recommandée chez les personnes valides, il en est de même chez les personnes atteintes d’un handicap physique sensoriel ou mental.
Au-delà des bienfaits évidents de toute activité physique et sportive, celle-ci représente pour eux un moyen privilégié d’échapper à une vie sédentaire et isolée comme c’est souvent le cas chez les personnes atteintes d’un handicap.
Pour les aveugles et mal-voyants, le judo est un instrument qui va leur permettre de développer leurs capacités physiques et d’avoir une meilleure adaptation dans leur vie de tous les jours.
Le judo contribue à développer ces objectifs dans trois secteurs principaux : moteur, psychologique et social.
LE SECTEUR DE LA MOTRICITE
La cécité provoque des problèmes moteurs tels que la difficulté d’acquérir le réflexe d’attitude qui par l’utilisation du contrôle visuel met le corps dans une position verticale. La maîtrise de son schéma corporel (prise de conscience de son corps comme d’un tout, image du corps en trois dimensions), de son équilibre (essayez de tenir en équilibre sur un pied les yeux fermés !) de sa coordination et de son orientation dans l’espace, sont indispensables pour être bien dans son corps.
Le judo est une discipline qui fait énormément appel à toutes ces notions, et sa pratique régulière remplacera avantageusement une rééducation souvent peu motivante :
Les ukemis :
Il est essentiel pour un aveugle de savoir tomber dans toutes les directions sans dommage. Son handicap le confronte journellement à des obstacles qui le font trébucher. Il saura amortir les chutes et surtout acquerra de l’aisance dans ses déplacements car il craindra moins les chutes.
L’équilibre :
Notion fondamentale en judo c’est un élément indispensable pour le non-voyant. La maîtrise de son équilibre lui donnera une bonne intégration de l’espace qui l’environne.
Le sens de l’esquive et de l’anticipation :
Le travail du Tai-Sabaki au sens large permet au non voyant d’absorber les chocs par un déplacement harmonieux du corps qui ainsi ne s’oppose pas directement à la force rencontrée. Cela lui évite beaucoup de désagrément dans sa vie de tous les jours. De même le travail en SEN NO SEN permettra d’éduquer le sens de l’anticipation qui est un point faible lorsque la vue fait défaut.
Le mouvement :
Comme le jeune voyant, l’enfant aveugle va construire son corps à partir d’expériences motrices les plus variées possibles. Le judo, par la richesse des situations mises en place dans un environnement sécurisant (tatamis) lui permettra d’explorer les composantes de l’acte moteur telles que la force, la vitesse, l’agilité, etc.
Cela lui donnera des armes pour combattre la tendance à la sédentarité propre à une personne qui ne maîtrise pas sa fonctionnalité.
Les sensations kinesthésiques :
On peut dire que le fait d’être aveugle ne gène pas à proprement parler la pratique du judo. En réalité le judoka voyant ne se sert pas de la vue pour regarder son adversaire pendant le combat. Il adapte son comportement en ajustant ses actions de manière plus sensitive que réfléchie. C’est ce qu’explique le Maître MICHIGAMI lorsqu’il montre son front en disant « ici c’est connu », puis montrant son corps « mais là ça ne l’ait pas ! »
Sur ce plan, le judoka aveugle à peut-être un avantage car pour connaître un mouvement c’est avec son corps qu’il est obligé de l’appréhender. Se sera plus long, lui demandera plus de travail, mais une fois acquis ce sera imprimé. Faites l’expérience de vous bander les yeux pour l’étude d’une technique…
LE SECTEUR PSYCHOLOGIQUE
L’autonomie :
Le judo enseigne aux aveugles la prise d’initiative sans risques excessifs. Le travail en liaison de préhension avec le partenaire autorise l’expérimentation motrice. Le couple partenaire-adversaire module les possibilités d’action dans le sens d’une expérimentation pas essais et erreurs riche en découvertes, qui deviennent source de progrès pour l’initiative. Le sens de l’attaque, la prise de risque, la stratégie du combat, tous ces éléments vont dans le même sens.
La motivation :
Le judo est attrayant car il permet aux déficients visuels de se confronter aux voyants avec les mêmes chances de succès. Les judokas aveugles peuvent participer à des compétitions officielles de l’I.B.S.A., mais aussi à celles des valides. Ils peuvent y obtenir les mêmes grades qu’eux. Ceci contribue à les confronter dans le sentiment d’égalité avec les autres et efface en partie leur handicap.
LE SECTEUR SOCIAL
Le combat contre l’isolement :
Le handicap quel qu’il soit implique un isolement et une sédentarité. Faire partie d’un club de judo donne l’opportunité de sortir des établissements spécialisés souvent nécessaire à l’éducation des jeunes handicapés Cela permet de rencontrer des gens différents, et de se mesurer avec des chances égales.
Le respect des règles et des autres :
Les aveugles sont souvent méfiants de leur environnement, et évitent les contacts qui sont source d’insécurité. C’est pourquoi la motivation engendrée par la pratique du judo, l’activité physique intense, va faciliter les relations et promouvoir l’intégration dans le monde des voyants.
L’aspect sécuritaire :
Le jujitsu est une composante du judo qui est également ouverte aux aveugles. Savoir se défendre, comme chez les voyants, donne confiance en soi. L’idée de ne pas être démuni de ressources en cas d’agression, est aussi un facteur d’égalité des chances important. Cela apporte un renforcement de l’estime de soi et augmente l’esprit de décision nécessaire pour faire face à ces types de situations.
Le mental judo et l’esprit sportif : le judo et son code moral élèvent la pratique physique au-delà du simple exercice corporel. L’éthique qui s’y développe va renforcer l’aptitude du judoka aveugle à faire face à l’adversité. Or c’est bien là l’essentiel du problème que de dépasser un état dont il faut faire le deuil, et construire sa personnalité avec des éléments positifs.
Le plus souvent c’est le milieu dans lequel évolue la personne qui n’est pas adapté : si une porte est ouverte, l’aveugle qui la traverse n’est pas handicapé. Mais si on lui ferme au nez…Qui est-ce ?
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