Arts martiaux et perte de poids : des tactiques dangereuses à éviter
Des médecins européens alertent sur les stratégies extrêmes utilisées par certains sportifs pour perdre du poids rapidement avant une compétition. Les disciplines à catégories de poids, comme le judo, sont particulièrement concernées.
Le poids de compétition : un défi pour les judokas
L’objectif est d’être « juste au poids » : par exemple, 72,9 kg pour la catégorie des moins de 73 kg, alors que le poids de forme peut atteindre 80 à 83 kg. Certains judokas doivent perdre jusqu’à 10 kg en une semaine pour entrer dans leur catégorie.
Premières pratiques incontrôlées
- 100 % suivent un régime hypocalorique
- 30 % utilisent des diurétiques
- 8 % recourent à des injections de glycérol après la pesée
- 75 % consomment des suppléments nutritionnels sans suivi médical
Ces pratiques entraînent une déshydratation rapide, augmentant la fréquence cardiaque et le risque de complications avant le combat. Les scientifiques appellent à une vigilance accrue des autorités sportives.
Le « water loading » : une méthode encore plus risquée
Une étude publiée dans le British Journal of Sports Medicine révèle que certains combattants perdent jusqu’à 20 % de leur poids (15 kg en 7 jours). La technique du water loading consiste à boire jusqu’à 23 litres d’eau en 3 jours, tout en supprimant sel et glucides, afin de forcer l’élimination hydrique. 17 % des sportifs interrogés utilisent aussi des produits pour accentuer la transpiration.
Un exemple marquant : Benjamin Darbelet
Aux JO d’Athènes 2004, le judoka Benjamin Darbelet a suivi un régime draconien pour descendre de 66 kg à 60 kg. Épuisé, il fut éliminé prématurément et développa ensuite des troubles alimentaires. Il retrouvera le succès aux JO de Pékin en 66 kg.
Les dangers soulignés par les experts
Pour le nutritionniste Arnaud Cocaul (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), ces pertes de poids ultrarapides sont à proscrire :
- Perte de masse musculaire et baisse de performance
- Atteintes à l’organisme sur le long terme
- Risque cardio-vasculaire et rénal élevé
- Danger de mort subite pendant les combats
Malgré ces risques, beaucoup de judokas considèrent ces pratiques comme un passage obligé pour rester compétitifs face à des adversaires volontairement plus lourds.